Ils attendent que les militaires organisent des élections et leur donnent la chance de compétir. Ils espèrent que tout se fasse à la perfection.
Le transfert du pouvoir dans l’un de nos palais, avec des discours pleins d’espoir pour les différentes générations. C’était déjà le cas en 1984 et en 2009. Les militaires en manque d’ambitions véritables pour le pays, se sont engagés dans des projets de confiscation du pouvoir. Et les politiques, pris pour des obstacles, ont été combattus comme dans une compétition ouverte.
A la seule différence, c’est qu’en période de transition, les méthodes employées sont déloyales. Les militaires, commencent d’abord par interdire les activités politiques. Ou lorsqu’ils veulent se montrer gentils, ils restreignent certaines libertés qui permettent aux acteurs politiques de communiquer avec leurs militants. Ils vont néanmoins promettre de se conduire en arbitre, n’ayant aucune volonté de tricher.
Plus le temps passe, ils caressent le rêve de paraître important et guide. Donc seul à même d’apporter le bonheur et la sécurité. Ce sont des artifices, nous en avons l’expérience. Et progressivement ils versent dans les fléaux qui disent être venus combattre.
À l’absence de toute légitimité, ils sortent des caisses de l’État, l’argent qui aurait dû permettre de construire des écoles et des hôpitaux pour acheter les consciences.Pour le cas guinéen, les militaires le savent. Ils ne peuvent se faire une place dans un monde politique ethnicisé et dominé par le RPG et l’UFDG. Ils n’ont aucune chance de faire passer un discours qui soit capable de susciter une adhésion libre à leur idéal.
A la place donc d’un programme et des idées, ils n’ont pas de choix que de s’imposer comme ils le font maintenant, en espérant appauvrir et affaiblir davantage l’ensemble des populations.
Au bout, estiment-ils, un peuple misérable n’aura de choix que de suivre ceux qui peuvent le nourrir. Et comme ça ils peuvent lui mentir à volonté.Dans ces conditions, les politiques tentent de résister. Mais ils n’ont pas d’espace.
La peur au ventre, ils attendent que la presse fasse leur combat. Les aînés l’ont fait dans les années 90. Ils ont poussé le régime de Lansana Conté à organiser les élections. Même s’il est resté au pouvoir jusqu’à sa mort, il a dû partager la scène avec des dizaines de partis et leaders politiques. En 2009, Dadis n’a pas pu se porter candidat. Alpha a été combattu en 2020, mais il s’est maintenu grâce à l’armée.
Tout naturellement, on peut dire que le Général Doumbouya, peut aussi se montrer fatigant pour la classe politique. Il a non seulement restreint l’espace public, qu’il réserve à son CNRD, mais il a nargué tout le monde. Même les politiques qui ont voulu faire ami, ami avec lui. Les conclusions du dialogue ont été rangées dans les tiroirs et certains naïvement, continuent d’attendre que des actes soient posés en faveur de la fin de la transition.
C’est aux politiques dans l’ensemble de savoir comment trouver de l’espace et comment l’exploiter pour se libérer et éviter le chaos qui risque de s’installer.
Jacques Lewa Leno, journaliste, chroniqueur