La Guinée devrait vivre des difficultés sur le plan économique. Et la vie dans les différentes communautés pourraient être affectée. Il faut nécessairement prendre les devants en indiquant clairement ce qui unis. Parce que c’est ce qui est plus fort, plus juste et plus bénéfique. N’attendons pas les politiques pour faire ce travail. Ils sont plutôt assez occupés par la lutte pour le pouvoir. Ce n’est qu’un secret de polichinelle : le conflit actuel a pour enjeu principal : la survie politique. On se bat pour conserver ou obtenir le pouvoir de décider, de gérer et de voler.
Le maquillage est fait, c’est bon. La constitution est l’objet de discussion. Face à ce blocage expressément voulu par le Chef de l’Etat, un courant doit naître. Celui qui va encourager la promotion de l’unité des citoyens. L’unité autour des valeurs qui fondent nos communautés pluriethniques, appelées à bâtir une communauté nationale forte. Ce courant devrait être animé par les intellectuels plus grands et opposés à tous les clans. Il leur faut plus d’audace pour prononcer non pas des discours qui plaisent, mais des discours de vérité. Bien souvent la vérité ne plait pas. Elle choque et elle a la force de faire changer les positions. La vérité apporte des réponses à tout conflit. Elle va au-delà des passions qu’on a tendance à mettre en lumière. La vérité est objective, alors que le mensonge est subjectif.
Les religieux peuvent continuer à aider. Ils peuvent et doivent surtout prendre la parole en dehors des lieux de culte. Les grandes organisations des différentes religions ont l’obligation à ce stade de se retrouver et commencer à dire la vérité à tout le monde. Nous l’avons déjà dit, les leaders religieux ne peuvent pas limiter leurs actions, aux prières. Cette une nécessité en période de crise. Et nous y voilà. On ne peut pas continuer à dire qu’ils ne doivent pas se mêler de la politique. Ainsi, ils pourraient continuer à fuir leur rôle moral. C’est bien de cela il est question. Les religieux ont un rôle moral qui les motive ailleurs, à proposer des voies de décrispation.
Les religieux du Congo nous l’ont prouvé. Dans un passé lointain, Destmund Tutu, prix Nobel de la paix a inscrit son nom dans l’histoire du Continent en jouant un rôle majeur dans la lutte contre l’apartheid. En Guinée, deux leaders religieux, membres du bureau exécutif du CNT, ont participé à la rédaction de la constitution actuelle en débat. Monseigneur David Gomez de l’église anglicane et Elhadji Mamadou Saliou Sylla de la ligue islamique, n’ont pas siégé parce qu’ils l’ont voulu tout simplement. Ils y ont siégé parce que la nation avait estimé qu’ils pourraient jouer un rôle important. Ils ont siégé parce qu’ils avaient été désigné par les religieux. Les religieux ont donc posé un acte moral, cependant hautement politique. Ils ne peuvent pas renoncer maintenant.
S’ils sont porteurs des messages de Dieu et de ses prophètes, ils seront écoutés par tous. Le pays gagnerait en temps, en énergie et éviterait de basculer dans la violence. Les leaders religieux peuvent réclamer que le débat en cours prenne fin, en invitant le président de la République à privilégier la nation aux partis politiques. Ils savent ce qui est juste et c’est ce que le Chef de l’Etat doit entendre tous les jours.
Par Jacques Lewa Leno, journaliste au groupe Hadafo Médias